Avec une expérience avérée dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire, le député Steve Mbikayi, promoteur de l’école Le cartésien de Kinshasa critique à haute voix l’Organisation de l’examen d’État édition 2023.
Dans sa 6e tribune publiée le 25 août, le Président du Parti travailliste (PT) a usé des mots forts pour décrier l’examen d’État et par-dessus tout, le système éducatif congolais.
«Il est un secret de polichinelle que les résultats de l’examen d’ État édition 2023 sont en train d’être publiés. Nous présentons nos sincères félicitations aux heureux lauréats. Parmi eux, environ 20% méritent leurs diplômes. Ils viennent essentiellement de quelques meilleures écoles conventionnées et privées . 80% ne maîtrisent pas des matières présentées à l’examen sanctionnant la fin des études secondaires. Certains ne savent ni écrire ni parler le français, langue de l’enseignement», dit-il dès l’entame de sa tribune.
À l’en croire, l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication et la corruption généralisée ont mis à genoux l’enseignement congolais, d’où les diplômes d’État de la RDC sont refusés dans le système éducatif d’autres pays sérieux.
«Tel que conçu, le système de l’examen d’ État est bon. Malheureusement, la fraude corrompt tout. C’est un secret de polichinelle pour toute la communauté nationale depuis des décennies. Le système de choix multiple facilite à la fois la correction et la tricherie. Qu’un élève à la tête vide décroche son diplôme, ça ne peut s’expliquer autrement que par une tricherie organisée. Les nouvelles technologies de communication qui facilitent le contact des élèves avec l’extérieur pendant les épreuves, les laboratoires qui fonctionnent à plein régime, les surveillants achetés par les élèves pour laisser le marché fonctionner… Suite à ce désordre, on ne peut pas s’étonner que certains pays ne reconnaissent pas nos diplômes», dit-il.
Steve Mbikayi qui salue la gratuité de l’enseignement primaire, plaide pour l’augmentation du budget de l’enseignement afin d’accompagner cette décision salvatrice du chef de l’Etat. Cependant, il réitère son combat de la suppression des institutions budgétivores notamment le Sénat, le CSAC et la CNDH.
«La décision salvatrice de la gratuité de l’enseignement doit être savamment encadrée pour éviter son revers de la médaille. Elle a engendré la pléthore dans les salles de classe. En face de 100 ou 200 élèves, même le meilleur enseignant du monde ne peut s’en sortir. Pour que cette mesure produise les effets escomptés, la construction de nouveaux bâtiments en cours doit s’accélérer , les salles de classe doivent être équipées correctement, l’engagement, la formation et le recyclage des enseignants doit faire partie des priorités.Cela nécessite que le budget alloué à l’enseignement passe à au moins 30% et soit respecté. Chose difficile avec notre indiscipline budgétaire. Non seulement les institutions politiques se tapent la part du lion , mais elles dépassent la part leur allouée jusqu’à plus de 100%. Cela implique qu’elles grignotent davantage la part réservée au social et à l’investissement.Nous n’avons cessé de crier dans le désert pour la suppression des institutions budgétivores. Les centaines de millions de dollars alloués chaque année au Sénat qui fait double emploi avec l’AN , au CSAC , au CNDH…pouvaient servir à moderniser les écoles existantes et en construire d’autres , surtout techniques et professionnelles», a-t-il proposé.
L’ancien ministre de l’ESU constate avec mort dans l’âme que le pays court un danger, au risque d’être dirigé à la longue par des semi lettrés.
«Le pays est en danger. Il pourra être dirigé par des semi lettrés dans un futur proche; Nos universités accueillent beaucoup d’étudiants sans bagage intellectuel nécessaire; Elles manquent de bibliothèques, de laboratoires…Cerise sur le gâteau, il se compte quelques faussaires parmi nos professeurs dont les doctorats ont été achetés dans des universités fictives sur internet. Le contrôle initié en 2017 pour les dénicher et les extirper du système s’est terminé dans un cul de sac. À cette allure, nous pouvons beau investir dans l’exploitation de nos richesses naturelles ( coltan, cuivre, or , diamant…) nous ne saurons nous développer. Investissons plus dans la matière grise. C’est l’élément le plus important pour le développement d’un pays».
La réflexion de Steve Mbikayi est applaudie par des milliers d’internautes congolais qui l’invitent à jouer son rôle d’élu national pour bouger les lignes afin de redresser le système éducatif de la RDC.
Théo Démosthène KALUBI
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