Démolition des constructions anarchiques à Kinshasa : duel des fauves entre Nyabirungu et Ngobila

Le professeur émérite Raphaël Nyabirungu mwene Songa fustige la démolition des constructions anarchiques amorcée par l’hôtel de ville de Kinshasa.

Le doyen honoraire de la faculté de Droit de l’Université de Kinshasa et avocat près la Cour de cassation et le Conseil d’État juge démocraticide et impopulaire la démarche du gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka qui ne pourvoit aucun recours aux détenteurs des constructions dites anarchiques alors qu’ils sont détenteurs des titres émis par les services de l’État.

Dans un étonnement effréné, Nyabirungu accuse Ngobila de tuer l’État de droit.

 »Dans notre État de droit, le simple déguerpissent passe par le juge de paix. Comment expliquer que, par la seule volonté d’un agent public, des maisons logeant des milliers de citoyens à la sueur de leur front, soient détruites en un instant et sans recours ? NON!  », s’écrie-t-il sur son twitter.

Procédurier vertébré, Nyabirungu mwene Songa entend que le chef de l’exécutif provincial de Kinshasa fasse accompagner ses actions d’une procédure légalement approuvée afin de consolider les acquis d’un Etat de droit.

 »l’Etat de droit cesse d’exister dès qu’il se met au-dessus de la loi et que les citoyens se retrouvent sans recours  », enfonce Nyabirungu.

L’inamovible Ngobila banalise

Le gouverneur de Kinshasa reste imperturbable, il n’entend pas reculer que vienne le midi. Gentiny Ngobila se félicite des résultats de l’opération coup de poing qu’il a lancée et veut défier tous les anarchistes.

 » Aujourd’hui à Lemba, nous avons rétabli l’État dans ses droits en démolissant toutes les constructions illégalement érigées sur les caniveaux, emprises et espaces publics. À ceux qui doutent encore de notre détermination, ne vous amusez pas à défier l’État  », lit-on sur son twitter.

Le premier citoyen kinois parie fort de redorer l’image ternie de la capitale, n’en déplaise à ceux qui se cacheraient derrière la loi pour construire dans l’arbitraire.

« Sur l’avenue de la Libération ex 24 novembre, j’ai supervisé tôt ce matin, les opérations de démolition dans le cadre de l’opération  Coup de poing. L’incivisme urbain n’aura plus sa place dans ma ville. Tout Kinshasa sera assaini  », écrit Ngobila requinqué.

L’adhésion de la population kinoise à l’assainissement imposé par l’opération coup de poing reste le leitmotiv du gouverneur Ngobila.

 »Au rond-point Ngaba, mes équipes ont procédé tôt ce matin, à la démolition des constructions anarchiques et à l’évacuation de la chaussée illégalement occupée. La population adhère pleinement à cette démarche qui nous évitera congestion du trafic, inondations et accidents  », enchaîne le patron de la ville-province de Kinshasa.

L’opération coup de poing est interprétée de plusieurs façons par les kinois. Outre le professeur émérite Raphaël Nyabirungu, le journaliste Yves Buya accuse le gouverneur Ngobila de battre une mauvaise campagne contre le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi pendant cette année électorale où ces démolitions de Ngobila émiettent les voix dans le prochain électorat du fils de maman Marthe Kasalu.

Théo Démosthène KALUBI